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Historique - perron  


Le perron


Après avoir servi longtemps de support à un cadran solaire, en 1931, Monsieur le Doyen Fréson en fit la pièce maîtresse du petit musée lapidaire qu'il avait installé dans la cour du presbytère, non sans avoir fait restaurer la pomme de pin sommée d'une croix en bois.



En janvier de la même année, dans la revue Leodium, il en donnait la description suivante :

- C'est une colonne de calcaire gris-bleu, formée de deux cônes superposés
- hauteur du socle : 0,20m
- hauteur de la colonne: 1m01
- a 0,75m de la base est gravé dans la cartouche de style XVIIIe Siècle, la blason du Prince-Eveque Charles d'Outrelmont (1763 - 1771)
blason

- signalons que la croix en bois fut remplacée par une croix en laiton par les soins de Monsieur le Doyen Collette.

Autrefois, le perron se dressait en face du presbytère. Nos ancêtres avaient raison de s'énorgueillir de ce glorieux emblême, symbole des libertés, des privilèges et ils le conservaient avec un soin jaloux, comme nous le verrons plus loin.
A part les bonnes villes du pays, peu nombreuses sont les communes qui virent octroyer un perron.
Tous les actes notables de la vie de la communauté étaient décidés lors de la réunion des "plaids généraux " ( assemblée groupant les chefs de famille de Villers, hognoul et fooz ) par exemple : l'élection des deux bourgmestres, l'établissement de "l'assise des tailles" ( fixation des impôts ) la reddition des comptes, la lecture des ordonnances du Prince-Eveque.
Le perron était également signe de juridiction.

En 1422, il est fait mention de la "court, haulteur et justice de Viller, Fooz et Hognoul"; les reliefs (actes fonciers) portaient même sur des terres situées à Freloux. Cette cour siégeait aussi devant le perron. Ses membres étaient nommés par le Prince-Eveque; on allait en appel de ses jugements devant les échevins de Liège.

Il est vraisemblable que l'actuel perron, au blason de Ch. d'Outrelmont, en remplace un autre beaucoup plus ancien, mais dont il ne reste nulle trace. En effet, à propos des plaids généraux qui se tinrent à la "barrière de Hognoul" de 1758 à 1764, la communauté de Villers, représentée par ses bourgmestres Melon et Bodson, adressait au Prince-Eveque en date du 22 avril 1764, une protestation disant " QUE DE TOUS TEMPS les plaids généraux ont été constamment tenus à Viller levecque... sur la grand place devant l'église VIV A VIS DU PERRON que le defunct curé Batta at eu la HARDIESSE de faire transporter dans sa cour de la maison pastorale".
En réponse a cette supplique, une ordonnance données au conseil privé de son Altesse le 5 janvier 1765 imposait que les "plaids généraux se tiennent à Viller Levecque à l'endroit accoutumé selon l'ancien usage d'avant 1758. Quant au perron témérairement ôté de la grande place, qu'il y soit incessamment rétabli dans le même endroit et position".

Mais ce perron, existait il encore? On a tout lieu de croire que la communauté de villers en fit tailler un nouveau et par reconnaissance y grava le blason du Prince-Eveque régnant. Quant à savoir s'il reprit sa place nous n'avons, a ce jour, trouve aucun texte qui nous permet de le croire.
Et il sombra petit à petit dans l'oubli.......

On pouvait espérer un sort meilleur. Pourtant en 1932, partageant l'enthousiasme de Monsieur le Doyen Fréson, J. Herbillon écrivait "Nous ne doutons pas que l'administration communale aura à coeur de faire remettre en place l'élégante colonne, centre de la vie sociale de l'ancien Villers". Et mieux encore qu'un voeu pieux, un arrêté royal du 15 octobre 1937 "classait" notre perron en raison de sa valeur artistique, archéologique et historique.